

Le vote à l’élection présidentielle de 2022 pourrait connaître des évolutions. Le gouvernement a déposé, mardi 16 février, au Sénat un amendement destiné à permettre le vote par anticipation à ce scrutin, ce qui constituerait une première en France s’il est adopté par les parlementaires.
Ajouté au dernier moment à un texte sur l’organisation technique du scrutin présidentiel, cet amendement prévoit un vote par anticipation dans certains bureaux, via une machine à voter, à une « date fixée par décret, durant la semaine précédant le scrutin ». Les électeurs pourront, selon l’exposé du texte, « demander à voter dans une autre commune de leur choix parmi une liste de communes arrêtées par le ministre de l’intérieur ».
Le texte technique sur l’élection présidentielle, déjà adopté par l’Assemblée nationale en janvier, doit être soumis jeudi en séance publique au Sénat, à majorité de droite. Auparavant, l’amendement aura été examiné mercredi par la commission des Lois qui devrait le repousser, selon la majorité sénatoriale.
Un vote « opposé à la tradition française », selon Retailleau
Aussitôt le texte déposé, le président des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il n’était « pas question que le Sénat puisse prêter la main à ce genre de manœuvre politicienne ».
« Nous y sommes fortement opposés. D’abord c’est un amendement, ce qui permet au gouvernement de passer sous le radar du Conseil d’Etat, et en dehors d’une discussion parlementaire approfondie. Ensuite, pour l’élection présidentielle qui est la clé de voûte de nos institutions, on ne peut pas faire les choses à la va-vite. »
« Un vote par anticipation est totalement opposé à la tradition française (…) c’est un amendement stupéfiant qui montre la légèreté du gouvernement sur les principes démocratiques », a conclu M. Retailleau.
Même tonalité chez les centristes, dont le chef de file Hervé Marseille a qualifié l’amendement « d’ovni ». « Tout le monde est à peu près convaincu qu’il faut repousser ce machin-là », a-t-il poursuivi auprès de l’AFP. « La majorité sénatoriale ne va pas déférer à un texte comme celui-là, dans les conditions dans lesquelles ça arrive. Ce n’est même plus du mépris. »
Florian Philippot (ex-Front national, FN) a lancé sur Twitter : « Alerte fraude ! » « La semaine avant le scrutin, les électeurs iraient dans un bureau équipé d’une « machine à voter », le dépouillement aurait lieu le dimanche. Quel besoin de faire ça sinon frauder ? ! »
Le député ex-La République en Marche (LRM) Matthieu Orphelin s’est, pour sa part, déclaré favorable au vote par anticipation mais « dans des vrais isoloirs et urnes, pas sur des machines à voter ».

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