

Sept mois après avoir quitté son fauteuil de maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, 81 ans, a été mis en garde à vue mercredi 17 février, selon des sources proches du dossier. Le domicile de l’ancien homme fort de Marseille, qui a dirigé pendant vingt-cinq ans la deuxième ville de France, avait été perquisitionné la veille, « dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 11 juin 2019 des chefs principaux de détournement de fonds publics par une personne chargée d’une mission de service public et de recel de ce délit », avait alors précisé le Parquet national financier (PNF).
« Cette information judiciaire concerne la situation de personnes qui ont poursuivi leur activité en ayant dépassé l’âge légal de départ à la retraite », selon une source judiciaire. Elle porte sur des faits datant de la période où M. Gaudin dirigeait la deuxième ville de France.
Un préjudice de plus d’un million d’euros par an
Dans un rapport au vitriol rendu à la fin de 2019, la chambre régionale des comptes avait critiqué la gestion de la ville par M. Gaudin, des finances au personnel en passant par l’immobilier. La chambre s’était notamment étonnée d’une « gestion des départs en retraite (…) pour le moins coûteuse » à la Ville de Marseille, avec plusieurs maintiens en fonction jugés « illégaux » au cabinet du maire. Pour les magistrats de la chambre régionale des comptes, la Ville violait « sciemment » les règles légales sur la retraite et cause ainsi un préjudice de plus d’un million d’euros par an au contribuable.
Les faits ont été révélés dans le cadre d’une autre enquête préliminaire menée par le PNF sur la gestion du temps de travail des agents municipaux de Marseille, terminée en décembre, et pour laquelle M. Gaudin pourrait être renvoyé devant un tribunal correctionnel, ainsi que six de ses proches. Ce dossier est actuellement en phase contradictoire, a-t-on appris de source proche du dossier, et « aucune orientation n’a été prise pour l’instant ». Dans ce volet, le PNF lui reproche notamment l’existence d’heures supplémentaires indues et un absentéisme injustifié des agents, notamment au Samusocial.
Après plus de vingt ans aux mains de la droite et alors que l’octogénaire Jean-Claude Gaudin se retirait de la vie politique, la mairie de Marseille a été remportée par la coalition de gauche du Printemps marseillais en juillet. Le nouveau maire socialiste de la ville, Benoît Payan, a fustigé au début du mois un héritage financier « catastrophique », estimant que « l’argent public [avait] été gaspillé, jeté, bradé ».

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